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LES MAROLLES SE RACONTENT

Formule inédite à Bruxelles de visite guidée théma- tique. Les Bruxellois invités à lever les yeux sur leur ville. Et le touriste à découvrir des coins méconnus.

Encore un petit nouveau parmi les tours guidés thématiques qui proposent aux Bruxellois tout autant qu’aux touristes de découvrir Bruxelles autrement : « D Tours ».

Il s’agit d’un concept véritablement inédit à Bruxelles développé par Valéry Lippens, Vincent Herbert et Charlie Dupont. Chacun des membres de ce trio a mis en commun son expérience dans les secteurs de l’audiovisuel et la culture afin de proposer aux amateurs une flânerie dans la ville, les oreilles af- fublées d’un casque audio relié à un lecteur CD.

Musiques, interviews d’habitants du quartier, extraits de films, informations historiques et culturelles plongent le visiteur dans une atmosphère impressionniste. Chaque séquence sonore fait vivre un quartier, en l’occurrence les Marolles, en évoquant les lieux d’antan pour faire mieux comprendre ce que l’on y voit aujourd’hui.

La balade, qui dure environ une heure, démarre au sortir de la brasserie Verschueren, sur le Parvis de Saint-Gilles – à proximité immédiate du Centre culturel Jacques Franck, où l’on se procure le disc- man. Chacun est libre. Pas d’horaire fixe ni déterminé pour la visite.

Prêt pour la flânerie ? Appuyez alors sur « play ». Une voix vous invite à la suivre. Vous réglez votre pas sur celui de votre guide. Il vous emmène vers la Porte de Hal, via la rue Volders, puis la rue Vanderschrick et son enfilade de belles façades Art Nouveau, signées Ernest Blerot.

Rue Haute. La sirène d’ambulance annonce le passage devant l’hôpital Saint-Pierre. La promenade s’enfonce ensuite dans la Cité Hellemans et ses logements sociaux en pleine (spectaculaire) rénovation. Le zinneke aboie, les ketjes crient en jouant.

Place du Jeu de Balle, les conversations du vieux marché bercent le promeneur jusqu’au café « La Clé d’Or » où bols de soupe et pistolets fourrés le ravigotent. N’hésitez pas à prendre quelques forces, avant de poursuivre la visite. Marchands et chineurs regardent, un rien interloqués, ces drôles de visiteurs, enfermés dans leur bulle, casque sur les oreilles.

Les notes bleues de Toots Thielemans font swinguer le touriste jusqu’à sa maison natale, située rue Haute. Il force un peu son accent « brusseleir » pour évoquer ses souvenirs d’enfance. Devant la gare de la Chapelle, le rap rythme le passage sous le tunnel où s’alignent les grafs de Recyclart.

L’itinéraire remonte vers l’église des Brigittines puis entraîne les curieux jusqu’au Palais de Justice et la place Poelaert, où le panorama s’admire depuis la cabine des ascenseurs des Marolles. Ce D*tour accompli, l’itinéraire ramène le promeneur vers la rue Haute, qu’il parcourt en sens inverse jusqu’à son point de départ.

La formule est agréable. Elle force le Bruxellois à lever les yeux sur sa ville et certains de ses coins méconnus ou oubliés. Seul petit regret : chaque visiteur se sent un peu enfermé dans son monde, les oreilles vissées au déroulement de l’enregistrement sonore. Les échanges avec les autres visiteurs ne peuvent se faire qu’à l’issue du parcours. C’est comme au cinéma, se défendent les concepteurs. On ne parle pas durant le film. Mais rien n’empêche d’échanger ses impressions à la sortie de la séance.

Le projet a trouvé un écho favorable auprès du min- istre du tourisme, Didier Gosuin, qui a décidé de le soutenir à concurrence de 25.000 euros. La formule rejoint les visites guidées thématiques regroupées sous le label «Voir et Dire Bruxelles». Leur originalité? Ces visites donnent le point de vue des Bruxellois sur leur ville.

Le D Tours est appelé à se développer dans d’autres quartiers de la ville : la place Sainte-Catherine et la Grand-Place sont déjà en préparation.

MARTINE DUPREZ